Article par Anne de La Cerda - Semaine du Pays Basque 16/07/2015
Exilée provisoirement au Musée de Pau, la collection des ducs de Gramont, qui ont gouverné Bayonne pendant des siècles, devrait normalement revenir dans son pays d’origine. Aujourd’hui, quelles seraient les solutions afin de réhabiliter la collection à Bayonne ?
Originaires de Navarre depuis la fin du XIIème siècle, les seigneurs de Gramont font partie d’une des plus anciennes familles d’Europe. Ils furent capitaines puis gouverneurs de Bayonne de 1472 à 1789 et comptèrent plusieurs prélats, dont un cardinal-archevêque et un archevêque. Ils résidèrent au Château-Neuf au XVème siècle, puis au Château-Vieux à partir de la fin du XVIe.
Ainsi, au XXème siècle, lors de la vente du château de Vallière à Mortefontaine dans l’Oise, le duc garda la collection de ses aïeux. Sa descendance étant nombreuse, il était dommage de la diviser. Il la plaça alors en gardiennage chez l’aîné de ses enfants Henri-Armand, le 13ème duc de Gramont. En 1982, à la suite d’un protocole d’accord avec Bayonne, la famille de Gramont décida de transférer la garde de la collection à la ville, qui en devint dépositaire.
En 1988, le maire Henri Grenet avait signé un contrat pour que cette collection repose au Château-Neuf à Bayonne. Entre temps, l’ancien élu avait laissé tomber le projet déjà très avancé pour se consacrer à la restauration urgente du Musée Basque. Aujourd’hui, l’édifice étant rénové, pourquoi ce projet d’exposer la collection ne verrait-t-il pas enfin le jour à son tour ?
Un trésor d’art et d’histoire
La collection est composée de 150 portraits, 2 tapisseries et 20 sculptures d’Alfred d’Orsay. Actuellement, le Musée Basque expose en permanence quatre portraits de la collection par manque de place. Le reste du fonds a été expédié pour dormir dans les réserves du château de Pau, excepté le portrait de Corisande d’Andoins, épouse de Philibert de Gramont et favorite d’Henri IV, qui est exposé.
« Cependant, cette collection tourne », explique Olivier Ribeton, conservateur du musée Basque. Cette année, le portrait de Marie Christine de Noailles (née Charlotte de Gramont) par Bon Boullogne, portraitiste des Gramont (1649 – 1717), sommeillant à Pau, a été envoyé au Musée national Magnin à Dijon pour une exposition.
Beaucoup de tableaux sont ainsi empruntés par des manifestations temporaires. L’année dernière, le portrait le duc Antoine IX de Gramont, ennemi de Napoléon et ami du duc de Wellington, peint par le baron Gérard, figurait à l’exposition « L’ombre de l’Empereur ou la guerre oubliée, Bayonne 1814 ». Il en fut de même dernièrement pour « le pilote de chasse Sanche de Gramont « par Hélène Dufau, œuvre présentée à l’exposition « La Grande Guerre, Bayonne et le Pays basque ».
« Cependant combien de chefs d’œuvre n’ont encore jamais été montrés ! », regrette Olivier Ribeton. « Le profil de la duchesse de Polignac », « la duchesse de Guiche en jardinière » ou « Aglaé de Polignac en turban », épouse d’Antoine VIII de Gramont, remarquables portraits réalisées par la si célèbre Louise-Elisabeth Vigée Le Brun, encadrent ceux - tout aussi prestigieux - de la lignée d’Antoine de Gramont.
Egalement dans la collection, une couverture brodée aux armes des Gramont retient l’attention. Lors du mariage de Louis XIV, le maréchal de Gramont, ambassadeur du roi de France à Madrid, Antoine III, voyageant dans son carrosse était escorté de six chevaux et douze mules chargés de présents portant des couvertures brodées aux armes des Gramont.
Ainsi pour montrer ces richesses de l’histoire locale, le conservateur du Musée Basque et de l’histoire de Bayonne propose diverses solutions : installer la collection provisoirement au quai de Lesseps, ou la placer dans les tours du Château Neuf le corps central étant occupé parle musée basque et les associations basques (mais il faudrait construire un ascenseur). « Finalement, l’endroit qui conviendrait le mieux, ce serait la Tour Pannecau », suggère Olivier Ribeton. D’ailleurs, l’architecte Raphaël Hébrard n’avait-il pas élaboré un projet d’aménagement pour la collection ? « Dans la tour, nous pourrions également réserver un endroit pour une exposition tournante en alternance avec les collections du musée Bonnat qui peuvent sortir » !
Anne de La Cerda