Les Gramont, mille ans d'Histoire, l'apogée de la Maison Gramont
Roger de Gramont collection de la maison Gramont
Durant cette période les personnages les plus illustres de cette impressionnante saga historique sont les suivants :
Roger de Gramont récoltera tout d’abord les fruits de la remise de la citadelle de Blaye, en 1442, par son cousin François Ier de Gramont, au Roi de France Charles VII.
Ainsi, il entrera au service du frère du Roi, nouveau Duc d’Aquitaine, qui le nommera Gouverneur de Bayonne et de Dax, ainsi que Sénéchal des Lannes.
Ses services ayant été appréciés, il sera affecté à ceux du Roi Louis XI, successeur de Charles VII, qui le nommera Maire et Gouverneur de Bayonne. Plus tard, Charles VIII lui accordera, par Lettres patentes en date du 25 septembre 1485, la moitié des revenus des ports de Bayonne, de St-Jean- de- Luz et de Capbreton, en compensation pour la remise de la Citadelle de Blaye. Ces titres et avantages furent par la suite confirmés par les divers Rois de France, qui se succédèrent jusqu’à la Révolution de 1789.
Roger de Gramont participera également à diverses campagnes militaires aux côtés du Roi Louis XII dans le Milanais, et à Gênes, ainsi qu’en Navarre avec le Roi Henri II de Navarre, pour tenter de reprendre la Haute Navarre au Roi d’Espagne, Charles Quint.
Appréciant ses talents de négociateur, Louis XII lui confiera également deux missions diplomatiques à Rome auprès des Papes Alexandre VI, relativement au Royaume des Deux Siciles (1500), et Jules II, au sujet de la Vénétie (1507
Ce talent de négociateur sera transmis à deux de ses fils : Charles et Gabriel.
Charles de Gramont mènera une carrière militaire, et une autre ecclésiastique, tout en veillant sur les intérêts familiaux.
Après avoir donné les preuves de sa valeur militaire durant les campagnes du milanais contre l’empereur Charles Quint en 1521, il se vit déléguer par Henri II d’Albret, Roi de Basse Navarre, la charge du Gouvernement de Guyenne, et la Lieutenance des villes de Bayonne et de Dax, que son beau- frère, le Roi François Ier, lui avait confiée, en compensation pour la perte de la Haute Navarre. Charles de Gramont veillera avec autorité et attention sur la défense de cette région frontalière, particulièrement exposée en raison des rivalités entre le Roi François Ier et l’Empereur Charles Quint.
Il assumera également la charge de la Sénéchaussée de Came. En cette qualité, il saisit l’occasion pour édicter, en 1531, une ordonnance de justice pour ‘’la Souveraineté de Bidache’’. Cette idée de Souveraineté, qu’il est le premier à avoir ainsi exprimée, sera par la suite reprise et appliquée progressivement par son neveu, Antoine Ier, à partir de 1570, et par ses successeurs.
En tant qu’ecclésiastique, il fut successivement Abbé de Sorde, puis Évêque de Couserans, puis Évêque d’Aires-sur-Adour, et enfin Archévêque de Bordeaux
En 1530, il participera à son rang aux magnificences de l’entrée à Bayonne d’Éléonore d’Autriche, sœur ainée de Charles Quint, venue épouser François Ier, et des deux fils de ce dernier, retenus en otages, en Espagne, jusqu’au paiement de la rançon qui avait été convenue pour la libération de leur père, qui avait été fait prisonnier au siège de Pavie en 1525.
Du point de vue familial, il veillera à la conservation du nom et des armes de la Maison Gramont, en obtenant qu’en cas de décès sans enfant du Chef de famille, Jean II de Gramont, son unique sœur, Claire de Gramont, serait son héritière universelle et que le contrat de mariage de celle-ci avec Menaud d’Aure, contiendrait une clause selon laquelle, les enfants du couple porteraient le nom et les armes des Gramont. Jean II décédera, sans enfant, durant la campagne contre Naples et Gênes de 1528. Les enfants de Menaud d’Aure et de Claire de Gramont perpétueront désormais le nom et les armes de la Maison de Gramont.
Charles de Gramont veillera en outre à l’administration de la Seigneurie de Bidache durant la minorité de leur premier fils, le futur Antoine Ier. Il fit, notamment, reconstruire le château de Bidache, qui avait été incendié par les troupes espagnoles en 1523.
Frère cadet de Charles, Gabriel de Gramont deviendra Cardinal et Archevêque de Toulouse. Il jouera un rôle diplomatique très important à titre d’ambassadeur du Roi de France François Ier auprès de l’Empereur Charles Quint, du Roi d’Angleterre Henri VIII et du Pape Clément VII (Jules de Médicis).
Auprès de l’Empereur Charles Quint et du Roi Henri VIII, il négociera la libération des deux fils de François Ier, remis à l’Empereur à titre de cautionnement du paiement de la rançon promise en échange de la libération de François Ier, après sa capture, à Pavie , en 1525.
Auprès du Pape Clément VII, il négociera une alliance contre Charles Quint sur l’Italie, et surtout le mariage de la nièce du Pape, Catherine de Médicis, avec le fils de François Ier, le futur Roi Henri II. Après trois années de négociations, le mariage sera célébré à Marseille le 28 octobre 1533.
Catherine de Médicis sera toujours reconnaissante envers la famille de Gramont, pour l’issue heureuse de ces longues négociations. Elle lui assurera, sa vie durant, aide et protection.
Fils de Menaud d’Aure et de Claire de Gramont, il vécut durant la difficile période des Guerres de Religions, oscillant tantôt du côté protestant et tantôt du côté catholique, avant de se concentrer sur sa terre de Bidache.
Son mariage avec Hélène de Clermont de Traves, illustre famille protestante, ainsi que ses liens avec Jeanne d’Albret, future Reine de Navarre, qu’il recevra, avec son époux Antoine de Bourbon, en son château de Bidache, en 1549, le porteront vers le camp des protestants. De plus, Jeanne d’Albret lui confiera de 1563 à 1567, la Lieutenance générale de la Navarre et du Béarn. En 1567, elle consentira au mariage de sa nièce, Corisande d’Andoins, avec Philbert de Gramont, fils d’Antoine Ier. Un an plus tard, elle chargera ce dernier de la formation militaire de son jeune fils, le futur Roi Henri IV. Ce dernier fera ainsi, dès l’âge de 15ans, ses premières armes contre la rébellion des gentilshommes catholiques de Basse- Navarre.
Quelques années plus tard, en 1572, Catherine de Médicis, sauvera Antoine Ier du massacre de la Saint-Barthélemy, alors qu’il était venu à Paris assister au mariage d’Henri de Navarre (futur Henri IV), avec Marguerite de Valois, fille de Catherine de Médicis. Il devra alors abjurer sa foi protestante. A partir de cette époque, il se concentrera sur Bidache, où il profitera de l’affaiblissement de l’autorité des cours de France et de Navarre, consécutif aux Guerres de Religions et à la division du Royaume de Navarre, pour y instaurer progressivement sa propre autorité souveraine. C’est ainsi qu’il exercera sur ce petit territoire situé aux limites de la France et de la Navarre, les pouvoirs régaliens judiciaires et législatifs. Il créera ainsi, en 1570, une Cour Souveraine de Justice, et, en 1575, il légifèrera, par ordonnance pour codifier les Coutumes des habitants de Bidache, qui, jusque-là, se transmettaient par tradition orale, de façon plus ou moins certaine. De nombreuses ordonnances suivront par la suite.
Cette Souveraineté s’établira progressivement de facto, au cours du temps. Elle bénéficiera même d’une certaine bienveillance de la part des Rois de France, du fait de son éloignement et surtout, en raison des nombreux services que leur a rendus la Maison de Gramont. Elle n’a cependant jamais été officiellement et directement établie par des Lettres Patentes ou par des documents diplomatiques.
Elle continuera à exister sur ces mêmes bases jusqu’à la Révolution française de 1789, qui l’intégrera de facto, dans le département des Basses-Pyrénées, en 1790, lors de la division de la France en 83 départements, par l’Assemblée Nationale.
Fils de Philibert de Gramont, mort au champ d’honneur à l’âge de 28ans, et de Corisande d’Andoins, il eut comme mentor le futur Roi Henri IV, aux côtés duquel il participa à de nombreuses batailles. Maire et Gouverneur de Bayonne, il en renforcera les défenses. Par ailleurs, il rendra de nombreux services au Roi Louis XIII en Béarn, ainsi qu’à la frontière espagnole.
En 1615, il participera sur l’île des Faisans, près d’Hendaye, à l’échange des infantes Anne et Élisabeth. La première, fille de Philippe III d’Espagne, épousera Louis XIII, et sera connue en France sous le nom d’Anne d’Autriche. La deuxième, sœur de Louis XIII, épousera Philippe IV d’Espagne.
En récompense pour les loyaux services rendus à son père, Louis XIV, encore enfant en 1643, érigera les terres de Gramont entourant Bidache, en Duché – Pairie par brevet.
Il est sans doute le personnage le plus illustre de la Maison de Gramont
Durant la Guerre de Trente Ans contre les Habsbourg et les Espagnols, il sera sur tous les fronts (Allemagne, Italie, Champagne, Catalogne, Flandres) aux côtés du Roi Louis XIII, qui le nommera Maréchal de France, en 1641.
En 1634, il avait épousé Françoise Marguerite de Givré, nièce du Cardinal de Richelieu. En 1648, Louis XIV confirmera par Lettres Patentes, l’érection des terres de Gramont entourant Bidache, en Duché-Pairie.
En 1649, lors de la Fronde, il protégera l’exode de Paris de la famille royale, pour la mettre en sécurité au château de Saint-Germain -en –Laye. Durant toute cette période troublée, Antoine III sera d’une fidélité exemplaire au jeune Roi, dont il assurera la protection, ainsi que celle s de la Régente Anne d’Autriche et du Cardinal Mazarin.
Par ailleurs, à titre de Gouverneur de la Navarre, du Béarn, et de Bayonne, il protégera la frontière avec l’Espagne de toute conjuration entre les Frondeurs et leurs alliés espagnols.
En 1659, il recevra, en son château de Bidache, le Cardinal Mazarin, venu négocier, à Saint-Jean-de-Luz et à Fontarabie, le Traité des Pyrénées, destiné à mettre fin à la guerre avec l’Espagne. Le Cardinal Mazarin, le mandatera cette même année, comme Ambassadeur extraordinaire du Roi Louis XIV, pour demander pour sa Majesté, à Philippe IV d’Espagne, la main de l’Infante Marie-Thérèse. Le mariage royal eut lieu à Saint-Jean-de-Luz l’année suivante (1660)
En 1663, Louis XIV, fit enregistrer par le Parlement de Paris, les Lettres Patentes par lesquelles il avait érigé, 15 ans plus tôt, les terres de Gramont autour de Bidache en Duché-Pairie. Les Ducs de Gramont pourront désormais siéger au Parlement de Paris.
En 1667, il participera, avec le Roi Louis XIV, à la campagne des Flandres contre les Habsbourg, dans le cadre de la Guerre de Dévolution du Trône d’Espagne. Par la suite, durant la Guerre de Hollande qui suivit, il assurera avec son fils Guy-Armand, la défense de Bayonne face aux menaces espagnoles, hollandaises et anglaises, tout en se partageant avec la Cour du Roi Louis XIV à Versailles
Durant cette période, il renforcera les défenses de Bayonne et dotera le château de Bidache de magnifiques écuries et complétera les jardins à l'italienne créés par son père dès 1630. Il agrandit l’église collégiale avec une nouvelle entrée baroque
Il décédera à Bayonne, au Château Vieux, à l’âge 74 ans. Il sera inhumé dans le caveau de la Maison de Gramont, dans l’Église de Bidache.
A la Cour de Versailles
Les enfants d’Antoine III, qui avaient été élevés dans l’entourage du jeune Roi Louis XIV et de son frère, Monsieur, Duc d’Orléans, demeureront par la suite à la Cour de Versailles, ainsi que leurs descendants sous les règnes des Rois Louis XV et Louis XVI. Désormais, les Gramont n’habiteront qu’épisodiquement le château de Bidache.
Tel fut par exemple le cas de Guy-Armand, fils d’Antoine III, qui y fut envoyé en exil de 1667 à 1671, en raison de ses familiarités avec Monsieur, et de son assiduité auprès d’Henriette d’Angleterre, épouse de Monsieur. Ce sera également le cas d’Antoine IV, qui devra surveiller à plusieurs reprises la défense de Bayonne ainsi que des frontières avec l’Espagne. Vauban en fera une place forte de premier rang dans les années 1680 à1689.
Par ailleurs, Antoine IV, qui était très lié au Roi Louis XIV, se verra confier, en 1704, une ambassade très délicate à Madrid auprès de son petit-fils, le Roi Philippe V, qu’il venait d’installer sur le trône d’Espagne. Plus tard, il sera chargé de la garde et la surveillance de de la Reine douairière d’Espagne, Marie-Anne de Neubourg, envoyée en exil à Bayonne, en 1706, du fait de ses complots en faveur des Habsbourg. Antoine IV se partagera alors entre la Cour de la Reine en exil, établie au Château Vieux, Bidache et la Cour de Versailles. Les autres descendants d’Antoine III s’illustrèrent pour la plupart dans les armées du Roi. Antoine Vsera fait Maréchal de France par le Roi Louis XV, et Louis de Gramont, mort au champ d’honneur, aura droit, sur les ordres de ce même Roi, à des funérailles de Maréchal de France. Depuis Antoine III, tous sauf Antoine IV et Antoine VII ont exercé à Versailles la charge prestigieuse de Colonel du régiment des gardes françaises.
À la Révolution française de 1789
Antoine VII se vit déposséder de ses charges de Gouverneur et Lieutenant général de la Navarre et du Béarn, ainsi que de celle de Gouverneur de Bayonne. La Souveraineté de Bidache sera intégrée de facto dans le Département des Basses-Pyrénées et réduite au statut de municipalité.
A cette même époque, Antoine VII perdit les revenus des ports de Bayonne, de Saint-Jean-de-Luz et de Capbreton, qui étaient partagés pour moitié avec le Roi de France, depuis 1485, à titre de compensation pour la remise de la Citadelle de Blaye. Le Roi Louis XVI, venait en effet de les abandonner, dans le cadre du Traité de commerce de 1783, avec l’Angleterre, qui en faisait des ports francs. La promesse d’indemnisation faite au Duc, par le Roi, fut emportée par la tornade révolutionnaire.
Antoine VII, sera emprisonné à Fontainebleau pendant la Terreur, il sera cependant libéré après la mort de Robespierre en 1794.
Les exils et les Restauration
Antoine VIII et Antoine IXsuivirent Louis XVIII et le futur Charles X dans leurs divers exils et à la Cour du Roi lors des diverses Restaurations.
Sous le Second Empire
A l’époque de Napoléon III, Antoine X, assumera les fonctions d’Ambassadeur à Stuttgart, Vienne et à Rome. Il sera Ministre des affaires étrangères lors de la déclaration de Guerre de 1870.
Telle est l’impressionnante saga historique de la Maison de Gramont, depuis son origine jusqu’au dernier Souverain de la France.