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Les Gramont et Bayonne

par Louis Perret,
Doyen honoraire de la Faculté de Droit de l'Université d'Ottawa

Pendant près de trois siècles, de 1496 à la Révolution française de 1789, les Gramont présideront aux destinées de Bayonne, d’abord à titre de maires pendant une centaine d’années, puis de capitaines et de Gouverneurs.

Durant cette longue période, les Gramont, conscients de l’importance stratégique de Bayonne en tant que ville proche de la frontière espagnole, consacreront leurs efforts dans les domaines militaire, diplomatique et économique, où ils laisseront leur marque.

Du Viert Bayonne 1612 chateau vieux

Bayonne en 1612

 

 

Dans le domaine militaire

Roger de Gramont a reçu des lettres patentes du roi Charles VIII en 1487 pour assurer la défense de Bayonne et de ses châteaux contre la rébellion du gouverneur de Guyenne; Capitaine de Bayonne et du Château Neuf achevé en 1489,il est maire en 1496; il meurt au Château Neuf (Castet Nau) le 8 avril 1519 et son corps transporté à Bidache accompagné de sa famille et de tous les grands personnages de la cité.

Jean II de Gramont, nommé maire et capitaine de Bayonne  par lettres patentes de François Ier de mars 1523 en remerciement des services rendus dans le Milanais, s’illustre tant et si bien en tant que lieutenant de la compagnie de Lautrec pour repousser les troupes du prince d’Orange, agissant pour le compte de l’empereur Charles Quint lors du « siège de Bayonne », que pour se venger de l’échec qu’il leur avait infligé, elles iront jusqu’à Bidache incendier son château.

Ainsi Charles de Gramont, archevêque de Bordeaux et lieutenant ès ville de Bayonne, remettra les remparts en état entre 1525 et1530. Antoine Ier fera intervenir l’ingénieur Louis de Foix pour les consolider. En 1595, Antoine II    reçu gouverneur de Bayonne en mai 1596 renforce leurs moyens défensifs et fait venir les plus célèbres ingénieurs militaires du temps, tels que Jean Errard de Bar-le- Duc en 1599, et Louis de Millet en 1612. En 1619, il renforce du côté de la ville le Château-Vieux, où il réside à Bayonne, en y ajoutant une avant-cour défensive. Sous le gouvernement d’Antoine III les fortifications s’enrichissent de nouvelles constructions. L’ingénieur Desjardins réalise, à partir de 1643, au confluent de la Nive et de l’Adour un ensemble qui formera le bastion du Réduit. Il fera également appel, de 1651 à 1653,  à l’ingénieur Dubois d’Avaugour pour améliorer les remparts. Antoine IV surveille les travaux entrepris par Vauban. La Citadelle, voulue par Louis XIV, a remplacé, à la fin du XVIIe siècle, les anciens forts  Saint- Bernard et Saint-Louis sur les hauteurs de Saint.-Esprit que Gramont avait voulu agrandir  mais sans succès. 

 

DESJARDINS Profil de Bayonne copie

DESJARDINS ingénieur et géographe du roi
Carte topographique de Bayonne. Profil de Bayonne vu du Fort Saint Louis 
Armoiries de Michel Le Tellier (1603-1685) secrétaire d’Etat à la Guerre depuis 1643.
Dessin à l’encre, lavis et aquarelle, après 1643.
Institut Géographique National, Saint-Mandé

 

Au-delà de la défense militaire, face aux dangers présentés à la frontière espagnole par les armées de Charles Quint et de ses successeurs les Habsbourg d’Espagne, les Gramont ont joué un rôle diplomatique important.

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Pourquoi cette collection à Bayonne ?

             Le duc Antoine Agénor X

Antoine X 

 

 

 

En raison des liens particuliers qui pendant plusieurs siècles ont uni  les ducs de Gramont à Bayonne et à Bidache, par lettre du 1er novembre  1876, Agénor, Xème duc de Gramont, ancien ambassadeur et ministre des Affaires Etrangères de Napoléon III, écrivait à Antoine Armand, son fils cadet, homme de lettres et historien, pour expliquer le transfert qu’il lui faisait, et non à son aîné, des « Archives, documents, titres, lettres, papiers, tableaux, souvenirs, etc. de la maison de Gramont » afin que puisse en être assurée « la transmission au chef de la maison de Gramont quand cela pourra se faire dans des conditions certaines de sécurité et de succession ». La volonté d’assurer le maintien et la cohésion de cet ensemble pour illustrer l’histoire et les traditions de cette maison est manifestée par son affirmation qu’il veut « sauver nos souvenirs de famille de la dispersion et de l’abandon ».

 

 

 

 

photo d'Antoine X, duc de Gramont
vers 1870 par Disderi
collection particulière

 

 

Le duc de Lesparre devait écrire à son tour le 17 mars 1925 à son neveu Armand XIIème duc de Gramont pour lui révéler cette transmission et lui préciser que le droit de consulter et copier tableaux et archives avait été reconnu à tous ceux qui portent le nom de Gramont, même si l’ensemble est centralisé entre les mains du chef de famille.

Le duc Antoine XII             

 

Armand duc de Guiche 1900 1

 

A la suite du décès le 2 Août 1962 du duc Antoine XII de Gramont au château de Vallière et à la suite de l’ouverture de son testament, qui précisait que les « souvenirs et documents relatifs à la Maison de Gramont, archives, livres, tableaux, miniatures, etc… (…) sont la propriété commune de la Maison de Gramont, mais sont remis à la garde du chef de famille », un « pacte de famille » a été consenti par tous les héritiers pour exécuter ces dispositions testamentaires ; l’acte reçu par Me Burthe-Mique notaire à Paris le18 janvier 1963 constate que tous les héritiers y ont consenti et ont remis l’ensemble de ces objets au duc Antoine de Gramont. La plupart de ces objets a été ainsi conservée dans la vaste demeure du duc Antoine XIII de Gramont, au château de Vallière à Mortefontaine dans l’Oise.

 photo d'Antoine Armand, comte de Guiche 
future Antoine XII,
par Nadar en 1900

Le duc Antoine XIII et son épouse Odile de Lenoncourt

Antoine XIII et Odile de Lenoncourt

 

 

 

Toutefois s’étant séparé de cette demeure en1981, le duc de Gramont Antoine XIII a, suivant convention du 22 février 1982 approuvée par délibération du Conseil Municipal de Bayonne du 10 mars 1982, confié à la Ville de Bayonne en dépôt pour 40 ans renouvelable, 150 tableaux, des sculptures ou objets mobiliers dont une tapisserie faisant partie du Bien de famille, selon une liste dressée par le comte Jean de Gramont et au vu d’un inventaire estimatif dressé par messieurs Binoche, commissaire - priseur à Paris, et Ryaux, expert.

En 1992 ce dépôt a été rendu perpétuel par convention entre le duc de Gramont, l'État et la Ville de Bayonne.

 

 

Remarque
Dans le descriptif des portraits montrés sur ce site, la mention « Collection de la Maison de Gramont » indique que ces portraits sont des souvenirs de famille qui appartiennent collectivement à la Maison de Gramont, mais n'ont pas été remis à la Collection Gramont de Bayonne. Ils permettent aux divers membres de la famille de tenir leur rang en gardant des portraits d'ancêtres. Si dans l'avenir les détenteurs ne pouvaient plus conserver ces souvenirs, ils seraient tenus de les remettre à la Collection Gramont de Bayonne. Ces souvenirs peuvent être exposés à Bayonne ou Pau dans le cadre d'expositions temporaires
La richesse de la collection Gramont rend possible l'évocation de l'évolution de l'Art du portrait en Europe sur cinq siècles. Cet ensemble, unique en France, doit être conservé à Bayonne et concourir au développement touristique de la ville.

 

 

 

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