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Les Gramont et Bayonne (suite)

Dans le domaine diplomatique

 

1315657 Catherine de Medicis assistant a une fete de leau

Les joutes nautiques de Bayonne
tapisserie des Valois, palais des Offices, Florence

Catherine de Médicis arrive à Bayonne le 15 juin 1565, où elle est accueillie par Antoine Ier de Gramont. 
Ce fut l'occasion de fêtes fastueuses données, entre autres, sur l'Adour.

 

 

Dans le domaine diplomatique

Ainsi, en 1529, Bayonne accueille le cardinal Gabriel de Gramont, archevêque de Toulouse, au retour de son ambassade à Madrid où il avait négocié les conditions de la libération de François Ier, fait prisonnier par Charles Quint au cours de la bataille de Pavie.

Un an plus tard, Mgr. Charles de Gramont, frère du cardinal, accueille à Bayonne le connétable Anne de Montmorency chargé de remettre aux représentants de Charles -Quint la rançon pour la libération de François Ier et de recevoir la nouvelle épouse du roi et nouvelle reine de France, Éléonore d’Autriche, sœur de Charles Quint, ainsi que les deux fils du roi , qui avaient été remis en garantie du paiement de la rançon.

En 1565, Antoine Ier reçoit à Bayonne puis à Bidache la régente Catherine de Médicis et son fils, le jeune Charles IX, à l’occasion de leur long voyage à travers la France

En 1615, Antoine II participe à l’échange de l’infante Anne d’Autriche et de la princesse Élisabeth; la première, sœur de Philippe IV d’Espagne, est l’épouse de Louis XIII, la seconde, fille d’Henri IV, celle de Philippe IV. Chacune a reçu les honneurs de la ville de Bayonne lors de son passage.

En 1659, Antoine III recevra à Bayonne et à Bidache, le cardinal Mazarin, venu négocier à la frontière espagnole la paix des Pyrénées avec les représentants du roi d’Espagne Philippe IV. Ces négociations ayant été enfin couronnées de succès, Antoine III est chargé d’aller à Madrid, comme ambassadeur du Roi Louis XIV, solliciter la main de l’Infante Marie-Thérèse. dont le mariage par procuration sera célébré à Fontarabie le 3 juin 1660 par l’évêque de Pampelune et le mariage royal le 9 juin 1660 à Saint-Jean- de-Luz. Antoine III et la ville de Bayonne, reçoivent après de longs préparatifs Louis XIV, Marie-Thérèse, Mazarin et la Cour le 15 juin 1660,.

De 1704 à 1706,  Antoine IV est envoyé comme ambassadeur de Louis XIV à Madrid, auprès du nouveau Roi d’Espagne, Philippe V, petit fils du Roi Soleil, qui venait de succéder en 1701 au roi Charles II, dernier Habsbourg d’Espagne, mort sans descendance. Cette succession ne se fait pas sans une guerre longue et meurtrière. En tant que gouverneur de Bayonne, il envoie  des renforts d’armes de munitions et d’argent aux troupes de Philippe V. En 1707, il fera d’ailleurs l’objet de deux attentats manqués, organisés par les adversaires de Philippe V. Mais de 1706 à 1708, Antoine IV a eu pour mission de recevoir à Bayonne la Reine douairière d’Espagne, Marie-Anne de Neubourg, la veuve de Charles II, exilée complotant en Espagne contre Philippe V pour le retour sur le trône d’un Habsbourg. Elle a résidé durant six ans au Château –Vieux et seize ans à la Maison Montaut en y organisant une petite cour de deux cents personnes ainsi qu’à Saint-Michel. Elle sera autorisée à retourner en Espagne en 1738 sur la fin de sa vie après plus de trente ans passés à Bayonne.

..Outre leur participation active aux domaines diplomatique et militaire, les Gramont ont contribué également au développement économique de Bayonne dont ils ont profité.

 

Dans le domaine économique

 

Les Coutumes 

En premier lieu, Roger de Gramont rédigera, en 1514, ‘’ Les Coutumes de Bayonne’’. Ce texte très élaboré de cent cinquante-six pages et de trente titres, contient un nombre important de dispositions particulièrement adaptées aux besoins du commerce et des créanciers. Il y est en effet traité des contrats de mandat, de société, de gage et d’hypothèque, ainsi que de procédures d’exécution, qui permettront aux commerçants  bayonnais de dynamiser leurs activités économiques.

 En 1575, Antoine Ier suivra son  exemple en codifiant les Coutumes de Bidache afin d’assurer, dans sa Souveraineté, le maintien de l’unité du patrimoine économique agricole familial d’une génération à l’autre.

 

 

Le nouvel estuaire

 

Flamberge cours Adour copie

Nicolas Flamberge, Bayonne - Médiathèque de Bayonne

Représentation du port de Bayonne en 1610, par le peintre flamand, Nicolas Flamberge. On y voit venant de haute mer une caraque portugaise avec son château arrière élevé, et une flûte hollandaise.  Les marchandises devaient ainsi être transbordées sur de plus petites embarcations, à faible tirant d'eau, faites pour naviguer sur l'Adour ou la Bidouze. Sont représentés une tilhole, en forme de sabot avec une proue élevée manoeuvrée par une voile et des avirons, un chaland monoxyle, fait dans un seul tronc d’arbre creusé à l’herminette, un chalibardon, grande embarcation, pour le transport des vins et eaux de vie, manoeuvrée avec un aviron de queue.

 

Par ailleurs, à Bayonne, l’ouverture du nouvel estuaire de l’Adour, décidée par Charles IX et réalisée en 1578  par l’ingénieur Louis de Foix, sept ans après le lancement des travaux, sous Antoine Ier maire de Bayonne, a permis à la ville de développer son port, sa flotte et son commerce à la fois fluvial et maritime. Ainsi les marchands bayonnais exporteront les produits agricoles de l’arrière-pays : de Bidache, de Gascogne et de Navarre, vers l’Espagne, la Hollande et les îles. En retour, ils importeront les denrées de ces diverses contrées : laine, huiles, épices, sucre, café, cacao, matières tinctoriales, or et argent. Dans le même temps des fortunes locales se constitueront par les prêts et l’assurance maritime, qui jouent un rôle important dans le financement du commerce transatlantique. De 1630 à 1730, le port de Bayonne connaît son grand siècle.

 

Le chocolat

  

Pietro Longhi 0250

Pietro Longhi, le chocolat du matin

 

C’est d’ailleurs à cette époque qu’apparait pour la première fois, en 1670, une référence au chocolat, dans les archives de Bayonne. En ce temps-là, il s’agissait encore d’une denrée rare et précieuse venue du nouveau monde,  et qui n’était connue que dans les cours d’Espagne et de certaines cours d’Europe, ainsi que des milieux diplomatiques très proches, tels que celui des Gramont. Bayonne en offrira à des personnages de marque, tels que Vauban, en 1680.

Plus tard,  les marchands juifs portugais et espagnols, établis à Saint.- Esprit depuis la première moitié du XVIIe siècle, en vulgariseront le goût et l’usage, grâce à leurs importations, par le port de Bayonne, de fèves de cacao, de cassonade, et d’épices telles que la vanille, la cannelle en provenance des Antilles, de Séville, de Cadix ou d’Amsterdam. Ainsi, en dépit des nombreux interdits à la liberté de fabrication du chocolat par les juifs, la tentative  des chocolatiers bayonnais d’entrer en jurande avortée par arrêt du Parlement de Bordeaux en 1767, mais réussie par l’obtention de nouveaux statuts après 1779, ils ont contribué à développer une industrie florissante, qui demeure encore aujourd’hui l’une des fiertés de la ville.

Ces échanges aux ports de Bayonne, de Saint. Jean- de- Luz et de Capbreton, ont largement profité aux Gramont, puisque Roger de Gramont avait obtenu du Roi Charles VIII, en 1485, la moitié des revenus des taxes perçues sur les marchandises à l’entrée et la sortie de ces ports, en reconnaissance de la cession par François Ier de Gramont, de la place stratégique de Blaye, à la fin de la Guerre de Cent ans. Ils jouiront de cet avantage financier considérable jusqu’en 1784, date du statut de port franc obtenu du Roi, non sans bien des hésitations et des différends entre les Bayonnais sur le sujet.  Et bien sûr, sans le soutien du duc de Gramont privé des revenus liés à la perception des droits de coutume supprimés de facto. Les promesses d’indemnisation faites à Antoine VII ont été balayées par le tourbillon de la Révolution de 1789.

Bayonne entre alors dans une ère administrative nouvelle.

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